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Brèves & articles

Au sujet des systèmes de santé

Différences cachées…: la visite chez le médecin – cinq différences entre la France, l’Allemagne et la Suisse

| Mobilité des patients

Celui qui, d’aventure, va chez le médecin de l’autre côté de la frontière va constater quelques différences entre la France, l’Allemagne et la Suisse.

Die Sprechstundenhilfe, un/e assistant/e médical

En entrant dans le cabinet médical, un patient allemand ou suisse s’attendra vraisemblablement tout d’abord à trouver un guichet d’accueil où il devra présenter sa carte d’assuré, non pas à une secrétaire médicale mais à un assistant médical qui, par ailleurs, va assister le médecin dans les examens et l’auscultation. Les assistants médicaux sont devenus indispensables dans les cabinets médicaux allemands ou suisses. Les assistants médicaux diplômés, nommés également Medizinischer Fachangestellter (technicien médical) s’occupent non seulement de la facturation, de la mise en paiement des soins et de la prise de rendez-vous, mais ils aident également le médecin pour des actes médicaux, tels que faire une piqûre, faire un bandage, ou une prise de sang. En France, il n’y a pas dans les cabinets médicaux d’assistant médical et le médecin assure l’intégralité des tâches citées plus haut. Dans les cabinets plus importants il existe une secrétaire médicale qui s’occupe principalement du suivi des dossiers patient et de la prise de rendez-vous. Le métier d’assistant médical n’existe pas en France et n’est pas intégré dans les mœurs. «J’ai toujours travaillé comme ça et j’aime être au plus près des patients, c’est pourquoi je préfère prendre les rendez-vous moi-même» confie une médecin de Strasbourg. Pour les plus petits cabinets, il existe la possibilité d’externaliser la prise de rendez-vous, confiée alors à un télé secrétariat médical qui filtre les appels urgents et gère l’agenda et les rendez-vous du médecin.

Avec ou sans rendez-vous ?

Sans doute le métier d’assistant/e médical a pu s’établir en Allemagne et en Suisse car le médecin consulte principalement sur rendez-vous fixés à l’avance. Si la consultation sans rendez-vous chez le généraliste existe aussi en Allemagne et en Suisse, elle se limite à des plages horaires définies et aux urgences. La pratique de la consultation sans rendez-vous reste néanmoins plus développée en France: une rapide comparaison des horaires montre qu’un cabinet médical à Strasbourg propose en moyenne deux plages horaires sur rendez-vous et le reste en consultation libre, là où les cabinets médicaux à Kehl ou Bâle proposent une ou deux plages horaires en consultation libre et le reste sur rendez-vous et demandent explicitement aux patients de venir sur rendez-vous dans la mesure des possibilités. Une médecin allemande, ayant exercé au préalable en France, témoigne «lorsque je suis revenue en Allemagne, j’ai dû d’abord me réhabituer à travailler sur rendez-vous. Le fait de respecter le rendez-vous pris est d’ailleurs considéré, ici [en Allemagne], comme quelque chose d’important.»

La durée de l’examen

Le temps accordé par le médecin à ses patients, dépend, lui-aussi, du pays ou plutôt de la culture médicale. Une étude réalisée en 2009 montre que la durée moyenne de l’examen médical lors d’une visite chez le médecin est de 9,1 minutes en Allemagne, alors que le patient français reste en moyenne 22,2 minutes avec son médecin ; pour la Suisse, la durée moyenne est de 15 minutes. Ces données recoupent les informations collectées auprès des médecins interviewés. Une médecin de Kehl évalue à 15 minutes le temps passé pour une consultation normale; le fait que l’entrevue entre le patient et le médecin soit aussi brève est également lié au fait qu’en Allemagne certains examens médicaux sont réalisés par l’assistant/e médical. Ce qui n’est pas le cas en France: une médecin française interviewée estime recevoir en moyenne seulement trois patients par heure, sachant que la durée de l’examen peut varier beaucoup. Elle dit pouvoir passer 10 minutes avec un patient et parfois jusqu’à 45 minutes, selon les besoins. Elle ajoute que l’entretien avec le patient occupe une place important dans l’anamnèse. «Lorsque je prends le temps de discuter avec le patient, de poser les bonnes questions et de l’écouter, cela me permet de faire parfois déjà 80% du diagnostic.»

L’équipement du cabinet médical

L’équipement du cabinet médical est également assez révélateur des différences qu’on peut trouver de part et d’autre du Rhin. Alors que le cabinet médical visité à Kehl disposait – vraisemblablement comme tous les cabinets médicaux – d’un électrocardiographe (ECG) et d’un échographe portable utilisés pour les examens réguliers, le cabinet à Strasbourg n’avait pas ces équipements. En France, les examens qui nécessitent un équipement spécifique sont généralement réalisés chez les médecins spécialistes; c’est aussi la raison pour laquelle le patient français est, en cas de doute et plus souvent qu’en Allemagne, redirigé vers un spécialiste. Ceci est valable pour les analyses de sang ou d’urine, qui sont réalisées dans des laboratoire d’analyses médicales, tout comme pour les ECG, les radios ou les échographies. En Allemagne et en Suisse, les prélèvements de sang ou d’urine sont systématiquement analysés au cabinet médical. «Prélever directement au cabinet évite au patient des temps d’attente superflus. Si le prélèvement est fait le matin, nous avons les résultats directement l’après-midi» remarque une médecin kehloise. Chaque pratique est ancrée dans un socle d’habitudes où les arguments pour ou contre se valent: la médecin interrogée à Strasbourg, quant à elle, voit les choses différemment «J’ai plus confiance dans les analyses faites au labo. Elles sont généralement plus exactes et plus spécifiques.»

Prise en charge des soins

En France et en Suisse, le patient règle généralement le médecin à la fin de la consultation alors qu’en Allemagne, pour les patients couverts par l’assurance obligatoire (gesetzlich versichert), soit 90% des assurés allemands, les frais sont réglés par l’assurance maladie du patient.

En France et en Suisse et pour ce qui est des soins ambulatoires, c’est le principe de remboursement des frais de santé qui prévaut : en France, le patient fait l’avance des frais et est remboursé par l’assurance maladie ainsi que (dans la majorité des cas) par sa mutuelle. En Suisse, le patient sera remboursé lorsque ses dépenses en santé sur l’année sont supérieurs à la franchise annuelle, le montant de cette dernière variant en fonction de la prime d’assurance (cotisation annuelle). Lorsque la franchise est dépassée, l’assureur prend en charge 90% des coûts pour les soins ambulatoires et pour les médicaments. Certains groupes de population, comme les personnes à faibles revenus, bénéficient de conditions spéciales: en France, elles sont dispensées de l’avance des frais médicaux, en Suisse elles peuvent bénéficier d’une réduction de cotisation.

Il est clair que les modalités de prise en charge financière des soins de santé ont un impact sur la pratique du métier; une médecin à Strasbourg explique par exemple : «Lorsque je dois donner les résultats d’une analyse de sang à un patient et qu’il ne présente aucune anomalie, je ne demande pas au patient de revenir au cabinet mais je l’informe par téléphone. Comme le patient doit avancer les frais médicaux, il serait déplacé de convoquer la personne encore une fois au cabinet une semaine plus tard pour la lecture des résultats.»

Pour en savoir plus sur l’organisation des systèmes d’assurance maladie et la prise en charge des soins, vous trouverez plus d’information dans la brochure « Systèmes d’assurance maladie et prise en charge des soins en France, en Allemagne et en Suisse ».

Nous remercions particulièrement les trois personnes qui ont contribué aux recherches permettant la rédaction de cet article.

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